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GALERIE – ATELIER

Comment je peins….
Peindre me permet de faire totalement abstraction du monde qui m’entoure et me connecte à mes souvenirs conscients ou non, à des images profondément enfouies dans ma mémoire. Je peins presque toujours sans modèle. Je pose une toile blanche sur mon chevalet puis, avec mon couteau, j’étale des taches de différentes couleurs, parfois une ligne d’horizon car je peins essentiellement des paysages. Je ne réfléchis pas, je ne pense à rien. Puis les taches prennent forme, m’évoquent quelque chose, un arbre, un rocher, une route, un plan d’eau. Elles se rejoignent progressivement, et, en me reculant régulièrement pour avoir une vision d’ensemble, je vois le paysage apparaitre, parfois une nature morte.

Alors commence vraiment le travail de la couleur, l’épaisseur de la matière, les fissures et les fractures entre les taches, dans lesquelles je garde la couleur initiale du fond. C’est comme cela que peignait Nicolas de Staël dont la contemplation de ses œuvres provoque toujours chez moi une émotion intense.

Je peins très vite pour que la raison ne vienne pas troubler la magie de la relation directe entre ma main et ma mémoire cachée. Deux séances de quelques heures me suffisent en général, parfois une troisième pour les plus grandes toiles, et une e dernière pour corriger un défaut manifeste dans l’harmonie des couleurs ou des formes.

Vient le moment le plus difficile, celui ou je prends la décision que le toile est finie, car y toucher encore l’abimerait peut-être, même si je sens bien qu’elle est encore pleine de défauts. Alors, je pose mon couteau et la signe.

Souvent le spectateur croit reconnaitre un lieu qu’il a déjà vu. La plupart du temps, je n’y reconnais rien, car chaque œuvre est une synthèse, un nouveau voyage…et un aboutissement.

Beaucoup de passants regardent mes œuvres dans la vitrine, peu d’entre eux rentrent dans ma galerie-atelier. Certains se sentent incompétents pour apprécier, alors qu’il suffit d’un peu de curiosité, et l’envie peut leur venir d’essayer d’aller voir ce qu’il y a derrière l’horizon que j’ai peint.